Attend Mohéra Lupin

Elizabeth regarda à nouveau l'heure. Elle tardait. Cela n'arrangerait pas sa situation. Elizabeth attendait Mohéra Lupin, dont le nom était apparu dès la fin de la soirée sur le panneau d'affichage. Elle se demanda combien de temps il faudrait à la bibliothécaire pour le remarquer et se décider à se présenter à la convocation. En attendant, elle reprenait les notes concernant les absences répétées de certains élèves en cours, ce qui n'arrangeait pas son humeur. Elle entendit enfin frapper à la porte. Elle répondit d'une voix sèche.

-Entrez !

Elizabeth vit entrer Mohéra, visiblement affaiblie. Un rapide coup d'oeil lui permit de voir qu'elle semblait souffrir de la cheville. Mais plus que cela, c'était son allure générale qui semblait étrange. Elizabeth comprit qu'elle venait probablement de la forêt interdite et de son rendez-vous manqué. Elle plissa les yeux et s'adressa à son interlocutrice.

-Asseyez-vous mademoiselle Lupin. Vous nous venez tout droit de la forêt interdite ? Qu'avez-vous donc fait à votre cheville ?

Son ton, en dépit de la conversation apparemment badine qu'elle semblait engager, était resté sec.

Considérant un instant la jeune femme, Elizabeth eut une lueur presque ironique dans le regard.

-Et vous êtes revenue ainsi jusqu'au chateau ? Pourquoi ne pas avoir songé à un sortilège de guérison ? Vous êtes une adulte et avez des responsabilités auprès des élèves de cette école, il va donc sans dire que vous connaissez les sortilèges basiques de guérison, non ? A moins que vous ne vous soyiez rendue dans la forêt interdite sans votre baguette.

Une lueur fugace d'étonnement passa dans le regard d'Elizabeth. Tom ? c'est bien le nom qui était apparu dans les pensées de Mohéra dont elle suivait le fil. Mais elle ne dit rien et considéra que cela serait une affaire à règler plus tard. La baguette en revanche, c'était autre chose.

-Vous avez égaré votre baguette mademoiselle Lupin ? C'est être plus qu'oublieuse ! Décidément...

Son regard était dur et ne quittait pas Mohéra.

-Mais venons-en au fait. Où pensez-vous être lorsque vous êtes dans cette école mademoiselle Lupin ?

-Le prestige est une chose mademoiselle Lupin. Mais on ne tient pas un telle institution à coup de prestige, ou alors on ne la tient pas longtemps. Vous êtes dans une école où prévaut l'ordre du Seigneur des Ténèbres. Et cet ordre, s'il vaut pour les élèves, vaut bien bien davantage encore pour les adultes qui les encadrent puisque ceux-ci sont tous au service du Maître.

Elle se tut, scruta à nouveau la jeune femme, et reprit d'une voix plus sourde.

-Pensez-vous, mademoiselle Lupin, que nous soyions ici, tous autant que nous sommes, pour régler nos problèmes personnels et prendre possession des lieux comme s'ils étaient nôtres ?

Elizabeth acquiesca sans se défaire de son regard froid.

-En effet, mademoiselle Lupin. Pour Le servir et servir Ses projets, Son pouvoir. Nos projets passent ensuite, et se règlent en dehors de cette école.

A nouveau elle marque une pause, percevant le trouble de son interlocutrice. Sa voix se fit plus calme sans devenir pour autant plus douce.

-Puisque nous sommes d'accord sur tout ceci, mademoiselle Lupin, vous allez sans doute pouvoir m'expliquer pourquoi est-ce que vous avez jugé bon de donner un rendez-vous à une étrangère au sein de l'école, qui plus est le soir et dans la forêt interdite.

Laissant quelques minutes le silence s'installer, Elizabeth observait Mohéra, scrutant la sincérité de ses propos. Elle avait rompu le contact visuel mais ses sentiments restaient accessibles. Elizabeth reprit la parole d'une voix calmée mais ferme.

-Vous n'êtes pas une élève mademoiselle Lupin et je n'ai aucun chatiment à vous infliger. Si chatiment il y a c'est du Seigneur des Ténèbres lui même qu'il viendra. Je ne suis ici que Ses yeux et Sa bouche durant son absence. Mais je ne joue pas Son rôle auprès de Ses serviteurs.
Mais pour ce qui est d'une éventuelle conséquence de votre geste, sachez qu'elle est déjà advenue. La visiteuse s'est présentée. Et elle a été interceptée par la surveillance de l'école, fort heureusement. Je l'ai renvoyée chez elle.Peut-être se présentera-t-elle à nouveau si elle tient absolument à ce contact. Mais vous comprendrez que dans ces circonstances, je ne l'autoriserai pas à vous rencontrer ici. Vous pouvez en dehors de vos fonctions faire ce que bon vous semble, mais pour l'instant, considerez vous ici comme étant sous surveillance.

Elle attendit de voir la réaction de Mohéra, puis ajouta uen dernière question.

-Avez-vous effectivement donné cette interview pour laquelle vous aviez en effet eu l'autorisation de Miss Teigne ?

-Bien. Alors dans ce cas je vous demanderai de refuser cette interview. Libre à vous de voir cette journaliste en dehors de l'école et de lui poser les questions que vous souhaitez lui poser. Cela ne me concerne pas. Mais pour ce qui de donner des renseignements ou des informations sur le fonctionnement de cette école, nous attendrons quelques temps avant de vous y autoriser.

Elle se leva.
-Je pense que ce sera tout mademoiselle Lupin.

Avisant la cheville de Mohéra, elle pointa sa baguette dans sa direction et lança un sortilège de soin pour la soulager. Puis elle la regarda d'un air étrnage et ajouta quelques mots.

-le professeur Joad et vous-même auriez tout de même pu penser à ce sortilège de premier secours. Quoiqu'il en soit, vous devriez vous rendre à l'infirmerie où Fendon Avery sera en mesure de vous soigner plus efficacement. Au revoir mademoiselle Lupin.

En entendant Mohéra reprendre son propos sur le professeur Joad, Elizabeth avait posé sur elle un regard plus inquisiteur que jamais. Sur ce regard passa une lueur de satisfaction lorsque Mohéra se reprit pour lui tenir des propos qui au moins n'étaient pas mensongers.

-Ai-je eu des propos menaçants à l'égard du professeur de botanique mademoiselle Lupin ? Si c'est le cas, cela a été bien involontaire. J'ai simplement constaté qu'il n'a pas plus que vous eu la présence d'esprit de pratiquer un simple soin de guérison sur une cheville blessée. Cela relève d'un étourderie ennuyeuse et ce n'est pas la première qu'il fait. Il est oublieux de certains de ces sortilèges basiques. Mais cela ne met pas en cause son respect des nécessités du services du Seigneur des Ténèbres. Je crois qu'en la matière, le professeur Joad a compris certaines choses.

Une dernière fois elle la regarda.

-L'interview vous est interdite mademoiselle Lupin. Mais encore une fois, vous pouvez, si vous le souhaitez, prendre contact avec cette femme au sujet de votre père. Cela n'interfère en rien avec votre service, je ne vois donc pas pourquoi je vous l'interdirait.

Elizabeth lui rendit son signe de tête.

-Bonne journée à vous aussi mademoiselle Lupin.

Elle la regarda se lever et sortir en songeant que la jeune femme avait peut-être désormais compris elle aussi ce qui était en vigueur dans cette école. Quoiqu'il en soit, elle garderait un oeil sur elle.
*comme sur d'autres* songea-t-elle en sourian pour elle même.