A propos d'Angélique

-Entrez
Elizabeth rangea la lettre qui avait emmené Merry vers le cimetière et qu'elle était en train de relire pour y trouver une piste qui lui aurait échappée. Elle regarda qui aparaissait derrière la porte et fut surprise de voir entrer le professeur Rogue.

-Professeur Rogue, bonjour. Installez-vous je vous en prie. Qu'est-ce qui vous amène ?
Elle lui désigna la chaise devant elle et attendit.

-Une bien étrange nouvelle...

Severus s'installa sur une chaise devant le bureau de Lizbeth.

-Je vous ai déjà parlé de la vision d'Angélique Black lors de la réunion pédagogique. J'ai découvert quelque chose de nouveau...Ce ne sont pas seulement des visions, mais des prémonitions des crimes à venir. Des gens qu'elle aime, présicément.

Elizabeth le regardait avec attention.
-Des prémonitions ? Un don de voyance en somme. Soit. Nous avions tous remarqué que cette élève aurait pu faire quelque chose de ses capacités, n'est-ce pas ? Mais elle a clairement choisi l'autre camps.

Elle le regarda un instant avant de reprendre.
-Mais je suppose que si vous venez me parler de cela c'est que ces "visions" peuvent concerner les intérêts du Maître. Avez-vous appris quelque chose de particulier ? Ou voyez-vous comment les exploiter pour notre compte ?

Severus eut, l'espace d'un instant, l'esquisse d'un sourire.

-Elle ne contrôle pas son don. Mais je pense que nous pourrions la forcer à le travailler pour servir nos interets...de plus...

Il prit un air détaché pour lâcher :

-Elle a des informations sur Potter. D'après ce que j'ai compris, il serait mort.

Elizabeth leva les sourcils.
-Potter ? Mort ?
Elle marqua une pause avant de reprendre.
-Vous avez dit que ses visions étaient des prémonitions. Comment savoir s'il s'agit d'anticipation et de faits passés ?

Elle réfléchissait en même temps à la possibilité d'exploiter les visions d'Angélique. L'idée était certes interessante, mais comment ? Comment l'y contraindre ?

-Je pense qu'elle a eu une prémonition mais que celle-ci s'est déjà passée...car, elle a dit qu'elle pouvait pas intervenir comme elle n'a pas su pour Dumbeldore et Potter...je suppose que donc qu'il est bien mort...

Severus préférait éviter de parler du fait qu'elle lui avait montrer sa propre mort.

Elizabeth resta un instant songeuse avant de reprendre la parole.
-Il faudrait en être certain. Cela changerait tout, ou en tout cas une bonne partie des choses quant au combat contre les Aurors. A-t-elle souvent ce genre de prémonition ?
Puis elle regarda Rogue différemment, comme si une idée lui était soudainement passée par l'esprit.
-Dans quelles circonstances mademoiselle Black vous a-t-elle parlé de la mort de Potter ? Je suppose que ce ne sont pas des choses qu'elle avoue volontiers.

Il écarta les mains.

-En tant que directrice de sa maison, vous pourriez la convoquer..

Severus tiqua légèrement.

-Et bien...en pénétrant son esprit, je n'ai pas pu voit toute sa vision, je lui ai donc ordonné de me dire ce qu'elle avait vu d'autre...et j'ai vu ma propre mort.

-La convoquer... oui, bien sûr. Ce sera parfaitement inutile, mais cela permettra de montrer que rien n'est cloisonné entre les professeurs de cette école, qu'elle est cernée en somme.

Elle réfléchissait déjà à ce qu'elle allait lui dire lorsqu'elle entendit la fin de la phrase de Rogue.
-Votre propre mort professeur Rogue ? Comment ? Dans quelles circonstances ?

Elle s'approcha du bureau et son visage se fit grave.
-Je ne crois pas aux prémonitions professeur Rogue, pas plus que je ne crois que le destin des gens soit tracé. Les choses sont ce que nous en faisons. Même certains Centaures reconnaissent cela, et pourtant, chacun sait à quel point ils sont prisonniers des décrets de ce qu'ils prétendent être le ciel. Nous pouvons donc agir, à condition de savoir exactement quand, où et comment. Mademoiselle Black ne peut rien éviter, et je le conçois aisément. Comment le pourrait-elle puisqu'elle refuse d'user des moyens qui seraient nécessaires. Mais nous n'avons pas ce genre de scrupule.

Severus sourit à sa collègue.

-Je partage votre opinion, professeur Selew. Il est pourtant étonnant de constater que Black a vu dans les détails l'assassinat de Dumbeldore trois jours avant qu'il ne se produise.

-Je ne nie pas l'existence de son don professeur Rogue. Mais cela prouve simplement que Dumbledore et les membres de l'Ordre n'ont pas su prendre les précautions qui alors s'imposaient. Leur tendance naïve à la confiance sans doute, leur volonté de brandir leur courage comme on brandit une arme. D'ailleurs mademoiselle Black elle-même les en a-t-elle avertis ? Ce n'est même pas certain. Mais nous ne sommes pas comme eux et nous savons désormais la pente que peuvent prendre les choses. Il nous faut donc simplement réfléchir aux raisons de cela, à la logique qui y mènerait, et contrecarrer l'ensemble.

Severus se leva.

-Vous avez raison, professeur. Je vais vous laisser travailler en paix.

Il se dirigea vers la porte.

-Au plaisir de vous revoir, professeur Selew.

Sur ces mots, il sortit du bureau.

Il s'était levé rapidement pour sortir. Elizabeth ne put s'empêcher de considérer qu'il semblait bien pressé de partir tout à coup. Elle se leva à sa suite et le hèla avant qu'il ait atteint le couloir.
-Professeur Rogue, auriez-vous encore un instant s'il vous plait ? Puisque vous êtes ici, j'aurais aimé vous poser une question.

Severus se retourna, un sourcil arqué. Pour lui, la conversation était terminée, mais cela ne semblait pas le cas le Lizbeth.

-Une question? Je vous écoute, professeur Selew...

-Je voulais savoir si vous aviez déjà rencontré mademoiselle Hadley et si oui, dans quelle mesure elle avait pris conscience de la gravité de ses propos et de l'immense indulgence dont nous avons fait preuve à son égard.
Se tenant debout non loin de Rogue, Elizabeth le fixait.

-Et bien, je l'ai convoquée dans mon bureau. Je lui ai fait part des différents points de vue qui ont été émis à la salle des professeurs. Je lui ai dit que nous avions pensé l'envoyer chez les Pouffsoufle durant une durée indéterminée, puis je lui ai communiquée sa punition actuelle.

Il arqua un sourcil.

-Aurai-je du faire quelque chose d'autre, professeur?

-Faire autre chose ? Non professeur Rogue. D'ailleurs, je ne me permettrais pas de vous dire ce que vous devez faire avec les élèves de votre maison. Mais vous n'avez pas tout à fait répondu à ma question.
Elle sourit légèrement et avait son regard étrange.
-Je ne doute pas que le psychologue doublé du légilimens que vous êtes ait été attentif à la manière dont mademoiselle Hadley percevait tout cela. C'est là dessus que portait ma question. Que vous en a-t-il semblé ?

-Legillimens, certes, mais je suis moins fort que vous dans ce domaine. Et psychologue, je ne pense pas.

Il fronça les sourcils en voyant l'étrange regard de Lizbeth.

-Je n'ai senti aucune colère ni révolte en elle...autre chose...mais, je n'arrive pas à dire si c'est du je-m'en-foutisme ou de la soumission. Je pense qu'elle l'a pris d'une manière tout à fait neutre.

Elizabeth soupira... la neutralité de Kendra Hadley. Le masque sous lequel elle croyait se cacher. Elle regarda Rogue d'un air un peu dubitatif.

-De la soumission je n'y crois guère. Du j'm'en foutisme, à la limite. Quant à sa neutralité, ce n'est qu'un masque dont elle tente de se parer et qui se fissure bien aisément. Mais qu'il s'agisse de nonchalence ou d'indifférence, nous avons pris la mauvaise décision professeur Rogue. Le but est qu'elle prenne conscience de ce qu'elle a dépassé les bornes. Or à ce que vous dites, ce n'est pas le cas.

Il fit la moue.

-C'est un effet un sentiment que j'ai aussi eu...

Il prit un instant, le temps de ravaler un minimum sa fierté, avant de dire:
-Que proposez-vous, professeur?

-Je propose que nous la voyions une dernière fois, mais cette fois-ci tous les deux. Si au terme de cet entretien, elle n'a pas manifesté de prise de conscience, nous la passerons dans une autre maison.

Elizabeth continuait à fixer so collègue. Elle savait que cela revenait à le dédire radicalement, mais elle avait une fois pour toute décidé que cette affaire n'en resterait pas là et qu'elle aurait la suite qu'elle méritait.

-Cela vous convient-il professeur Rogue ?

Severus inclina la tête.

-Faites comme bon vous semble. Voulez-vous que je la convoque au plus tôt dans votre bureau. Au plus tôt ce sera fait...

-En effet professeur Rogue, plus tôt cela sera fait, plus tôt nous règlerons cette désagréable affaire. Convoquez-la et faites-moi savoir quand elle se présente. Je viendrai vous rejoindre. De toute façon, je crains que cela ne soit rapide : je n'attends pas grand chose de cette jeune fille. Je vais quant à moi m'occuper d'Angélique Black.

Elle inclina à son tour la tête à l'adresse de Rogue.

-Merci professeur Rogue et bonne journée.