Voyage dans la pensine Angèle Scott

-Bonjour mademoiselle Scott. Venez par ici.

Elle attendit que l'élève soit à sa hauteur pour lui expliquer la marche à suivre.
-Nous allons donc explorer le souvenir que vous considérez comme étant pour vous émotionnellement gênant, celui qui vous pèse parfois et que vous sentez faire obstacle à votre maîtrise magique.
Elle avait perçu l'hésitation d'Angèle et voulait lui donner les moyens de choisir en toute connaissance de cause.

-Lorsque je vous le direz, vous vous concentrerez sur ce souvenir,et je l'extrairai à partir de ma baguette, posée sur votre tempe. Je le déposerai ensuite dans cette pensine et nous partirons l'observer, de l'extérieur en quelque sorte. Ensuite, nous reviendrons ici et nous analyserons objectivement ce qui s'est joué dans cet épisode de votre vie et la manière dont vous pouvez vous en détacher. Si cela vous semble clair, dites-moi lorsque vous serez prête. Si vous avez des questions, n'hésitez pas à les poser avant que nous commencions.

Elizabeth regarda son élève d'un air simplement interrogateur. Ni dureté, ni mépris ne se lisaient sur son visage. Elle affichait pour une fois l'air d'un professeur qui tente simplement de proposer à une élève un moyen d'avancer.

-Bien.

Elizabeth leva sa baguette et la déposa sur la tempe d'Angèle. Elle scruta son esprit, et lorsqu'elle la sentit réellement concentrée sur le souvenir, elle lança le sortilège informulée, et détacha lentement un mince filet argenté qu'elle enroula doucement autour de sa baguette. Lorsque le filet s'amenuisit jusqu'à se rompre, elle le déposa dans la pensine et s'adressa à Angèle.

-Voilà. Maintenant, venez avec moi.
Toutes deux se penchèrent sur la pensine et se sentirent comme aspirée par elle.

Angèle avait donc finalement choisi le souvenir qui, sans doute, la marquait le plus, la hantait toujours, alimentait en elle, un réel désir de vengeance. Elizabeth avait observé la scène, mais plus encore son élève afin de voir sur elle l'effet de cette exploration. Lorsqu'elle vit son visage changer d'expression, elle se douta qu'Angèle avait trouvé l'indice qui lui manquait encore. Elle la prit par le poignet et lui parla doucement.

-Je pense que vous avez ce qu'il vous faut mademoiselle Scott. Venez.
Elle l'emmena, l'aspirant avec elle hors de la pensine. Une fois de retour dans la salle d'occlumancie, Elizabeth se douta qu'il faudrait d'abord calmer Angèle pour pouvoir lui laisser le temps de faire le point sur le souvenir en question. Elle fit apparaître deux sièges, et en indiqua un à Angèle.

-Asseyez-vous. Nous avons à parler maintenant.
Elle même ne s'assit pas, attendant de voir dans quelle mesure l'élève allait obtempérer et parvenir à temporiser la haine qu'elle avait lue sur son visage.

A son tour, Elizabeth s'assit et attendit qu'Angèle reprenne ses esprits.

-Bien. Il me semble mademoiselle Scott que vous pourriez tirer deux choses de cette exploration. Bien sûr, vous semblez avoir compris quelque chose sur l'assassinat de votre mère. Mais nous y reviendrons plus tard si vous le voulez bien. J'aimerais d'abord que vous vous concentriez sur les circonstances de tout ceci. Vous aviez dit, dans une autre séance avoir du ressentiment parce que quelqu'un avait insisté pour cette sortie. Est-ce que je me trompe ? Au vu de cette scène, votre ressentiment vous semble-t-il toujours justifié ?

Hum, en effet, c'est par hasard que ma mère à été... tuée. Je ne pense pas que cela soit volontaire. Cet homme fuyait quelque chose, peut être la police, je ne sais pas. Si nous n'étions pas sortis ce soir là, ma mère serais encore en vie. Donc, oui, je pense que cela est justifié. Certains diraient que c'est le destin mais je ne croisen ces choses là.
Angèle baissa la tête un cours instant avant de se reconcentrer.

Regardant Angèle, Elizabeth fit doucement un signe de dénégation de la tête.

-Je n'ai pas non plus l'habitude d'expliquer les choses par des effets de destin ou de fatalité. Mais entre le Destin et les actes volontaire, il y a une troisième voie pour expliquer ce qui est arrivé. Vous l'avez dite vous même mademoiselle Scott : le hasard. Encore faut-il comprendre ce qu'est le hasard. Prenons un exemple au sujet duquel vous serez moins sensible : si vous passez dans une rue et qu'une tuile tombe à vos pieds, manquant de vous assommer. C'est bien un hasard. Que la tuile soit tombée s'explique. Que vous soyiez passée par là s'explique aussi. Mais vous n'allez éprouver de ressentiment ni pour la tuile, ni pour la décision qui vous a poussée à sortir. Ce sont deux choses indépendantes l'une de l 'autre et réunies par l'effet d'un hasard. Maintenant, si la tuile vous assomme réellement, la situation aura-t-elle changé ? Si vous n'aviez pas de raison d'éprouver de ressentiment dans la première situation, vous n'en avez pas plus dans cette seconde situation, n'est-ce pas ? Certes, la situation est moins agréable pour vous, mais elle répond aux même lois et exclut tout autant le ressentiment.

Elle scruta à nouveau Angèle, pour voir si elle avait saisi ce qu'elle tentait de lui expliquer.

Un fin sourire apparut sur les lèvres d'Elizabeth.
-Bien. Alors faites votre deuil du ressentiment mademoiselle Scott. Il ne vous sert à rien. Il vous retient en arrière. Cela ne changera pas votre peine. Cela vous permettra simplement de comprendre qu'il est parfois des choses contre quoi l'on ne peut guère agir.

Son visage s'anima tout à coup d'une autre lueur.
-A moins bien sûr de posséder d'autres pouvoirs. Ce que les moldus ne peuvent faire avec leurs pratiques de la médecine, nous nous pouvons apprendre à le faire. Vous n'étiez qu'une enfant à l'époque, une très petite enfant. Mais la chose se reproduisait exactement de la même manière maintenant. Que feriez-vous mademoiselle Scott ?

Une lueur étrange apparut dans le regard d'Elizabeth.
-En effet, il y a bien d'autre moyens de se venger mademoiselle Scott. Mais dites moi. Vous courrrez après cet homme. Admettons que vous le rattrapiez, admettons même que vous le stoppiez et que vous ayez la possibilité de l'immobiliser. Que faites vous ensuite. Que gagnez vous à cela ? En quoi cela change-t-il la situation dans laquelle vous êtes ?

Elizabeth la laissa réfléchir un instant, puis elle reprit la parole tranquillement.

-C'est confus bien sûr, parce que vous refusez de prendre en compte un paramètre pourtant essentiel. Vous êtes sorcière mademoiselle Scott et vous apprenez à maîtriser vos pouvoirs. En tenant compte de cela, que pourriez-vous alors faire ?

Angèle hésita un instant de peur que sa réponse ne soit complètement stupide.
Euh... lui jetter un sort...
Elle regarda le professeur Selew, redoutant sa réponse. Mais une pointe de confiance scintilla quand même dans ses yeux. Après tout, ce n'était peut être pas si stupide....

Acquiescant, Elizabeth marqua son approbation. Un léger sourire de satisfaction apparut sur son visage.

-En effet mademoiselle Scott, tout simplement. C'est une chose dont vous ne tenez pas assez compte. Vous avez des pouvoirs. Certes, vous ne les exploitez réellement que depuis peu, mais ils existent. Vous pourriez donc maintenant arrêter cet homme, l'entraver, l'immobiliser. Vous pourriez même, peut-être, à condition d'en connaître les moyens, traiter à temps la blessure de votre mère, si grave soit-elle. Le pouvoir que nous avons n'est pas anodin. Bien utilisé, correctement étendu, il donne accès à des choses que le monde moldu ne peut imaginer, même dans ses rêves les plus fous.

Elle laissa l'élève réfléchir à ce qu'elle venait de lui dire.

-Pourtant, vous ne semblez pas avoir encore totalement pris conscience de ce qui vous était accessible par là. Bien sûr, cela ne changera rienà ce que vous avez perdu ce jour là dans la ruelle. Mais cela pourrait changer quelque chose à votre avenir.

-C'est en effet l'idée mademoiselle Scott. Mais pas seulement. Vous êtes me semble-t-il hantée par la volonté de vengeance parce que vous avez le sentiment d'être impuissante. Pourtant vous ne l'êtes plus. Je ne parle pas de remonter le temps et d'éviter le meurtre de votre mère, quoi que cela se soit déjà vu dans l'histoire de la magie, mais cela demande des capacités et des moyens que vous n'avez pas, en tout cas pour l'instant. Je parle en revanche de ce que vous allez faire ensuite. Vous voulez retrouver cet homme et vous venger ? Très bien. C'est en votre pouvoir, pour peu que vous acceptiez de mettre réellement toutes les chances de votre côté. Si vous saisissez cela, alors votre sentiment d'impuissance disparaîtra, et avec lui, une bonne partie du trouble qui est le vôtre, car vous aurez enfin le sentiment d'avoir fait quelque chose et non de subir passivement la situation.

Elle scruta Angèle pour voir si ce qu'elle lui disait était compris.

-Oui, et ? Y voyez-vous un inconvénient mademoiselle Scott ? Croyez-vous qu'il se soit posé cette question lorsqu'il est arrivé armé et a tiré sur votre mère ? Comprenez moi bien, je ne veux pas dire par là qu'il ne faille respecter aucune règle en matière de combat ou de duel. Même les forces noires ont leurs règles, elles sont même très présentes et il y règne un code de l'honneur très sctrict, bien qu'il n'apparaisse pas facilement au novice. Mais nous ne parlons pas d'entraînement là. Nous parlons d'épargner des vies qui vous sont chères ou de réparer un tort qui vous a été fait. Perdre loyalement est noble sans doute. Mais c'est perdre tout de même. Et lorsque ce que l'on perd, ce sont les vies de ceux qui nous entourent, je ne suis pas certaine que cela soit encore noble.

Percevant quelque chose qui semblait entraver la réflexion de l'élève, Elizabeth scruta Angèle.
-Souhaitez-vous que nous en restions là mademoiselle Scott ? Vous semblez avoir l'esprit ailleurs.

Elle regarda l'élève sans animosité en attendant sa réponse.