Rumine ses pensées

Elizabeth acquiesca avec un léger sourire.

-Chaque enseignant qui a face à lui un élève récalcitrant et agaçant comme peuvent l'être certains des notres doit en effet se poser cette même question. Mais le Seigneur des Ténèbres a en effet Ses raisons. Pour ma part, je dirais simplement qu'il est plus facile de surveiller son ennemi en l'ayant sous les yeux. J'ajouterais aussi que plus les élèves seront familiers de la magie noire, moins ils la jugeront anormale. Ce qui semble encore difficile en cette première année deviendra de plus en plus aisé au fil du temps. C'est sur les esprits encore jeunes qu'il faut agir. Et puis bien sûr, il faut toujours espérer d'heureuses surprises.

-Bien sûr, il est plus facile de surveiller son ennemi en l'ayant sous les yeux... sans compter que les parents de nos chers élèves doivent réfléchir à deux fois avant de chercher à nuire au Seigneur des Ténèbres, sachant que leurs têtes blondes sont en Son pouvoir... approuva Tom en hochant la tête. De toute façon, notre maître nous ordonne d'essayer de faire entrer quelque chose dans leurs crânes épais, c'est une raison largement suffisante... J'espère qu'en considérant la stupidité de la plupart de nos élèves, Il nous pardonnera d'avoir échoué à leur apprendre quoi que ce soit... ajouta-t-il en souriant.

-C'est probable en effet Tom.

Liz termina son verre, avalant la dernière gorgée amère d'absinthe. Elle reposa le verre sur la table et se leva.

-Bien, chers collègues, je crains de devoir vous laisser. Mais ces quelques moments de détente me furent très agréables. Bonne fin de journée à vous, et merci pour l'absinthe Tom.

Tom se leva en même temps que Lizbeth, et lui dit à mi-voix:
-Merci à vous pour vos bons conseils, Professeur Selew... cette conversation avec vous m'a beaucoup apporté.
Il jeta un coup d'oeil à Hazel dont la gêne semblait s'être dissipée et reprit, un peu plus fort:
-Je dois dire que cette rencontre dans un lieu moins conventionnel que l'école a été très agréable. J'espère que nous pourrons recommencer à l'occasion... C'est tellement rare de pouvoir simplement bavarder entre collègues...

Je vais également vous laisser.
Hazel avait remis sa longue cape noire et s'était levée à son tour.
Ce fut en effet un moment très agréable... Je vous remercie de votre compagnie.
Elle adressa un signe de tête à ses deux collègues, songeant que cette première visite à Pré-Au-Lard s'était déroulée de manière infiniment plus plaisante que prévu.

Elizabeth adressa à Tom un léger sourire avant de remettre sa cape sur ses épaules.

-Nous vous abandonnons donc Tom. A bientôt. Et je renouvellerai cette petite escapade loin du quotidien de l'école dès que l'occasion s'en présentera à nouveau.

Elle sortit et ajouta quelques mot à l'intention d'Hazel.

-Retournez-vous au chateau Hazel ?

Hazel acquieça.
En effet, oui. Je vais sans doute faire un petit tour d'inspection dans la salle commune des Poufsouffle, je tiens à vérifier si mes deux tourtereaux mettent à nouveau en application leur "droit de s'aimer"...
Elle eut un rictus mauvais, réfléchissant déjà à un sujet de punition adéquat.

-Si encore, nous étions au printemps, nous pourrions mettre leur feu soudain sur le compte des tristes mouvements naturels, mais je crains qu'il ne faille se résoudre à l'évidence que ces jeunes gens farcis de bons sentiments sont irrécupérables.

Lizbeth sourit à sa collègue en lui indiquant le chemin qui sortait du village.

-Faisons quelques pas ensemble alors voulez-vous ? Je serais curieuse de savoir si le nom que vous aviez tout à l'heure en tête est le même que celui auquel je pensais.

Hazel accepta avec plaisir la proposition du Professeur Selew. Elles se mirent à marcher sur le chemin qui conduisait à l'école et elle dénoua les attaches qui retenaient sa capuche sur son visage pour profiter de la brise nocturne.
J'imagine en effet qu'il s'agit de la même personne, Lizbeth... Je conçois difficilement quel pourrait être l'autre élève capable d'intéresser le Seigneur des Ténèbres. Excepté Drago Malefoy, bien entendu.
Elle s'interrompit un instant, levant son visage vers le ciel. Puis elle reporta son regard sur sa collègue et sourit
Je parle de Lokie Swean, je pense que vous l'aurez compris...

Elizabeth rendit son sourire à sa collègue en lui adressant un léger signe d'acquiescement.

-En effet, en l'état actuel des choses, il me semble aussi que c'est la seule. Je ne dis pas que certains élèves de serpentard n'aient pas des capacités intéressantes et exploitables. Mais je dois bien vous avouer qu'en occlumancie en tout cas, elle me semble être l'une des rares à comprendre ce qui se dit, je veux dire à comprendre réellement ce qui se dit, et non à répéter quelque chose. Et il me semble aussi qu'elle a règlé quelques uns de ses souvenirs et s'en est libéré. Avez-vous déjà discuté de cette élève avec Miss Teigne qui est sa directrice Hazel ?

Hazel marqua son assentiment d'un signe de tête.
Je partage votre avis concernant les Serpentard. Quant à Miss Swean, j'avais effectivement eu une discussion à ce sujet avec Miss Teigne peu après mon arrivée à Poudlard. Nous avions parlé de ces fameux souvenirs, qui semblent d'ailleurs avoir cesser de la tourmenter de manière récurrente... Miss Swean m'a appris qu'un voyage dans la pensine en Occlumancie lui avait permis de remettre les choses au clair.
Elle eut une pensée pour les Mémoires de Caroll, rangés dans la bibliothèque de son manoir.
Peut-être ne savez-vous pas encore que Lokie vient régulièrement chez moi, afin de consulter un livre particulièrement rare dont nous avions parlé en cours. Elle était désireuse d'avoir plus d'informations à son sujet, et je l'ai invitée à venir le consulter sur place... Je pensais que le fait d'avoir une relation privilégiée avec quelques-uns de ses professeurs pourrait lui permettre de prendre davantage confiance en elle et en ses capacités.

-Oui, le petit voyage dans la pensine lui a donné l'occasion de voir plus objectivement le souvenir qui la tourmentait. On accepte toujours mieux ce que l'on comprend. Il m'a semblé que le travail qui lui restait à faire concernait des scrupules ou des principes moraux qu'elle gardait encore très présents.

Elles avançaient tranquillement sur le chemin et sortirent du village.

-J'ignorais qu'elle venait consulter ce livre chez vous mais il me semble que c'est en effet le genre d'élève avec qui l'on peut se permettre ce genre de chose. Elle est discrète et ne s'enorgueuillit pas des éventuelles faveurs que l'on peut lui accorder. Je crois savoir par ailleurs que Miss Teigne est très contente de l'avoir pour partisan de sa maison. Et je dois bien vous avouer que je lui envie un peu cet appui qui nous fait tant défaut, à vous comme à moi, n'est-ce pas ?

Elizabeth eut un sourire un peu désolé à l'adresse de sa collègue.

Hazel eut un soupir compatissant.
Je vous l'accorde... Et vous devez d'ailleurs être plus en peine encore que moi.
Concernant Lokie, nous avons eu l'occasion de discuter de la communication du Samhain, dont on peut dire qu'elle fut sans doute la plus surprenante de cette cérémonie. Je lui ai prêté quelques ouvrages susceptibles de satisfaire sa curiosité.

Le regard d'Elizabeth marqua son intérêt.

-Vraiment ? En quoi fut-elle surprenante ? Je vous avoue ne pas avoir pu me concentrer sur les images perçues par les élèves et vous êtes donc la seule qui sachiez ce qui a pu se passer lors de leur prise de contact.

Elles avaient à présent parcouru la moitié du chemin qui les mènerait au château. La brise nocturne s'était intensifiée et Hazel ressera le velours de sa cape contre son cou.
Lokie avait demandé à entrer en contact avec l'un de ses ancêtres et celui-ci lui a tenu des propos qui m'ont semblé bien étranges, à ce moment là. Cet homme lui a en effet affirmé qu'elle était... (Les yeux d'Hazel se plissèrent, tendus par l'effort qu'elle fournissait pour se remémorer les événements de cette fameuse nuit)... la "croisée" si mes souvenirs sont bons, l'entrelas entre deux lignées, celle des noaides Sames et celle des serviteurs d’Odin le Dieu viking. Ces deux peuples se sont mêlés et entrecroisés à un moment de l'Histoire, bien qu'il n'en reste pas grand chose aujourd'hui. D'où mon étonnement, dont j'ai fais part à Miss Swean : la croisée biologique a déjà eu lieu. Reste à pousser ses recherches dans un sens plus métaphorique.

-Etrange en effet.

Lizbeth commença elle aussi à sentir le froid qui tombait et referma les pans de sa cape

-La croisée, dites vous ? L'entrelac ? Ce sont là des termes très particuliers, et chargés de sens dans la tradition odinique. J'ignore ce qu'il en est concernant les Sames dont le nom m'est obscur mais dans la culte d'Odin, les runes ne disent-elle pas que Gipt, la rune en forme de croix, est celle de l'offrande que l'on accepte et dont on est redevable ? Celle qui indique qu'un don doit être fait en retour ? Peut-être faudrait-il chercher du côté d'un échange. Il me semble que mademoiselle Swean connaît les runes puisqu'elles étaient enseignées dans son ancienne école.

Elle réfléchit encore un instant.

-Bien sûr, ce n'est là qu'une piste parmi d'autres sans doute plus valables. Quoiqu'il en soit, je suis certaine que cet épisode nouveau a du vous changer des rencontres fades qui ont du avoir lieu pour de nombreux autres élèves, non ?

En effet, oui... Les élèves ne se sont pas montrés particulièrement originaux quant au choix de leur défunt, comme vous avez sans doute pu l'entendre.
La plupart des communications fut sans surprise. De petits problèmes familiaux, des encouragements... Rien de bien intéressant.
Hazel continuait à marcher, concentrée sur ses souvenirs du Samhain.
Miss Ramirez, je crois, a appris un élément important quant à la mort de ses parents. Une histoire d'incendie criminel, semble-t-il...
Elle haussa les épaules, assez peu intéressée par les petites douleurs d'Helena.
J'imagine que c'est ce que vous évoquiez lorsque vous avez parlé de sa "vengeance", en salle des professeurs.

Elizabeth acquiesca.

-C'est cela en effet. Bien sûr, nous savons que si la vengeance peut être un moteur, elle ne peut en aucun cas être une motivation. Mais ce sont là des nuances subtiles qui échappent à la majorité de nos élèves.

Elles avançaient maintenant en remontant lentement la route escarpée qui sillonait la compagne. Environnée de nuit, Lizbeth songeait que si marcher était un mode de déplacement bien lent, il n'en restait pas moins très agréable parfois.

Elizabeth sentit le froid la gagner davantage.

-Cette marche est très agréable Hazel, mais le froid tombe vraiment. Je crois que je vais vous laisser poursuivre seule si vous le souhaitez et transplaner pour ma part. Je n'ai pas été assez prévoyante et ma cape n'est pas adaptée à ses frimats naissants. Ce fut en tout cas, un vrai plaisir de bavarder un peu. Je ne doute pas que nous parvenions à faire quelque chose de certains élèves, même si ce n'est qu'une minorité. La qualité vaut tellement mieux que la quantité, contrairement à ce que croient les illusionnés du bonheur pour tous.

Elizabeth sourit à sa collègue et la salua.